Régulièrement nominé aux Juno Awards, Jack de Keyzer a décroché deux fois la récompense du Meilleur Album Blues de l’Année, c’était en 2003 avec « 6 String Lover » et sept ans plus tard avec « The Corktown Sessions », et s’il a été moins chanceux cette année avec son nouvel effort, cela n’enlève rien à la qualité d’un ouvrage pour lequel le Canadien né en Angleterre a spécialement composé douze pièces originales. Superbement secondé par David McMorrow aux claviers, Alan Duffy à la basse et Rick Donaldson à la batterie, le chanteur et guitariste a invité quelques choristes dans l’aventure et s’est lancé tête baissée dans un nouvel enregistrement, le premier depuis les fameuses « Corktown Sessions » de 2010, laissant le blues et le rock trouver leur place naturelle pour que le son, mais aussi et surtout le feeling soient à leur apogée. Traçant à sa propre manière un chemin qui part d’un « Electric Love » pour rejoindre en toute fin de parcours un « Acoustic Love » qui referme les portes de l’opus, Jack de Keyzer dévoile des trésors d’inspiration et d’ingéniosité qu’il met au service de morceaux dans lesquels la guitare se fait parfois agressive, d’autres fois plus délicate, mais toujours très précise quels qu’en soient le ton et la couleur. Pourvu d’une voix qui colle parfaitement aux tableaux qu’il dessine à grands coups de Stratocaster, l’artiste ne joue pas seulement son blues, il s’efforce également de le ressentir pleinement dans sa chair pour mieux lui donner une véritable envergure sur des titres qui vont de la ballade au rock, des pièces d’orfèvrerie très finement ciselées comme « To The Beauty Of You », « Mojo Woman », « My Love Has Gone », « Groove Doctor » ou encore « Earthquake Girl ». Taillées sur mesure pour trouver une place de choix dans la set list idéale des concerts de Jack de Keyser, les douze nouvelles pépites rassemblées dans « Electric Love » n’ont pas fini de faire saigner les cœurs lors des nombreuses sorties en live d’un artiste dont le plus grand amour, après le blues et la guitare peut-être, est indiscutablement la scène. La France aimerait vraiment le revoir.
Fred Delforge (http://www.zicazic.com)